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L’« extrême centre », un extrémisme qui peut mener à l’autoritarisme

Histoire d’une notion. Le 18 avril 2022, à l’issue du premier tour de l’élection présidentielle, Emmanuel Macron, qui brigue un deuxième mandat, décrit le champ politique en ces termes : (…)(…) (…)

A première vue, l’expression « extrême centre » paraît oxymorique : le centrisme est en effet associé au compromis et à la modération. Pourtant, l’historien spécialiste de la Révolution Pierre Sterna identifiait, dès 2005, dans (Champ Vallon),un : cette tradition politique rythmerait, selon lui, l’histoire française depuis la Révolution – et Emmanuel Macron en serait aujourd’hui le porte-parole.

Dans cet ouvrage comme dans (Champ Vallon, 2019), l’historien ne récuse pas l’existence d’un centrisme non extrême incarné, sous la IVe République, par Pierre Mendès France au centre gauche, ou aujourd’hui, par François Bayrou au centre droit. Il théorise cependant la présence, par ailleurs, d’un – un terme utilisé par l’essayiste Alain-Gérard Slama dans son essai (Grasset, 1980).

Diplômés de l’« ordre de la Girouette »

Pour définir ce concept, Pierre Serna s’inspire des ouvrages de l’écrivain italien Leonardo Sciascia, qui analyse, dans son essai  (1979)(Christian Bourgois Editeur, 1998), un extrémisme du centre à l’œuvre, en Italie, durant les années de plomb – de la fin des années 1960 au début des années 1980. Aux yeux de l’historien français, ce concept désigne des individus, des groupes ou des partis se réclamant du centre du spectre politique, à l’idéologie fluctuante et dont le caractère extrême renvoie à l’intolérance dont ils font preuve à l’égard de leurs opposants ainsi qu’à leur usage d’un pouvoir exécutif fort. L’expression définie par Pierre Serna a ensuite séduit d’autres penseurs : le politiste anglais Tariq Ali l’a reprise en 2015, le philosophe québécois Alain Deneault l’année suivante.

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