Pacy-sur-Eure, en Normandie. C’est vers cette petite ville que file Bruno Le Maire le 11 juin en fin d’après-midi, moins de deux jours après la dissolution. Le compte à rebours qui va aboutir à son départ de Bercy, et peut-être de la politique, est enclenché. Devant une centaine de militants, il confirme qu’il ne sera pas candidat aux législatives dans cette circonscription qui fut la sienne, et intronise Julien Canin, le jeune homme qu’il a choisi pour y porter les couleurs macronistes.[RN] lance-t-il. Puis il prend toute la population à partie :
Trois mois plus tard, le tableau qui s’offre au regard du ministre démissionnaire de l’économie et des finances est rude. Dans son ancien fief de l’Eure, selon sa formule, son poulain n’a pas empêché la réélection du RN. La vague d’extrême droite a déferlé sur toute la France. La droite, dont il est issu, est en miettes, même si l’un des siens, Michel Barnier, a été nommé à Matignon. Les macronistes qu’il avait ralliés en 2017 ont perdu. C’est un gouvernement soumis au bon vouloir du RN qui s’apprête à diriger le pays.
Plus de sept ans à Bercy, deux interminables mois à expédier les affaires courantes, et, dans quelques jours, la vie de ministre s’achèvera. Certains de ses collègues font tout pour rester dans le nouveau gouvernement. Pas lui. Pas question de participer à une quelconque une coalition sans programme clair, dit-il. Guère envie d’être associé à la déliquescence politique qu’il sent venir : a-t-il prédit à Emmanuel Macron lorsque, le 9 juin, celui-ci l’a prévenu qu’il allait mettre fin au mandat des députés deux heures plus tard.
Reste à soigner sa sortie. Grand argentier le plus durable de toute la Ve République, le bon élève Bruno Le Maire espérait partir sur un bilan étincelant. répète-t-il de plateau en plateau : Depuis sept ans, a-t-il encore martelé, jeudi 12 septembre, devant tout le personnel de Bercy réuni dans la grande cour du ministère.
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