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En 1945, « les femmes ont voté pour le vote, en se déplaçant massivement à “leurs” premières élections »

Le général de Gaulle accompagne plutôt qu’il n’est à l’initiative de l’ordonnance du 21 avril 1944, instituant entre autres le droit de vote et l’éligibilité des femmes. Elle est adoptée après quelques manœuvres dilatoires, closes par l’amendement du représentant communiste Fernand Grenier, le 24 mars à l’Assemblée consultative à Alger : c’est bien lors des municipales du 29 avril 1945 que les femmes voteront, et non plus tard. , écrit le lendemain

Décennie après décennie, chaque commémoration souligne le retard français en la matière et les paradoxes de l’universalité dans un pays qui en a pourtant fait une valeur cardinale. Deux prismes sont généralement mobilisés pour lire cette histoire : le prisme du genre ; le prisme du politique. Nous y ajouterons une lunette socio-historique sur l’acte même de voter.

23 avril 1848-29 avril 1945 : il aura donc fallu quatre-vingt-dix-sept ans pour que le , comme l’on disait en 1848, mais exclusivement masculin, dont fut issue l’Assemblée constituante de la IIe République, se transforme en un suffrage vraiment universel, au terme d’une dynamique complexe. Portée au cours du premier XXe siècle par les luttes d’une minorité de suffragistes, elle écorne les préventions politiques et les préjugés masculinistes et conservateurs.

La réforme ne peut plus être ajournée en 1945. L’ambition de rebâtir une France nouvelle ne peut plus escamoter l’intégration électorale de celles qui, comme leurs maris, frères et fils, ont consenti à l’effort de guerre, voire garni les rangs de la Résistance.

Le temps où le radical Alexandre Bérard avait plaidé, dans son rapport de 1919 au Sénat, l’un des temples de l’antiféminisme, contre le vote des femmes, au motif que , ce temps-là est révolu – dans les discours officiels tout du moins.

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