Sans cheveux ni sourcils, le visage émacié, encore marqué par l’épreuve de la maladie et de son traitement, une femme assistait de l’un des balcons du Palais-Bourbon, mardi 8 juillet, au vote solennel de la proposition de loi du sénateur Laurent Duplomb (Les Républicains, Haute-Loire), . Fleur Breteau, la quarantaine, fondatrice du collectif Cancer Colère, était invitée par des élus de gauche à assister au vote, aux côtés d’autres membres de la société civile. A l’adoption du texte, par les députés de l’arc bleu-brun et leurs supplétifs du parti présidentiel, sous les applaudissements victorieux, Fleur Breteau a crié :
En réponse, ainsi que l’ont rapporté des journalistes présents, des rires ont traversé l’Hémicycle. Voici ce qu’une majorité de la représentation nationale avait à opposer, ce jour-là, au désarroi et à l’indignation de cette jeune femme et, à travers elle, à l’inquiétude de la société civile et de l’ensemble des communautés scientifiques concernées : une hilarité désinvolte, un cynisme méprisant, un virilisme de vestiaire.
Le cri de Fleur Breteau ne se comprend pas si l’on se contente de dire pour quoi les députés ont voté. Il faut surtout expliquer contre qui ils ont voté. Ils ont, bien sûr, voté contre tout ce que la France compte d’associations de défense de l’environnement, mais ce n’est pas très étonnant. Ils ont surtout voté contre vingt-deux sociétés savantes médicales, contre la Ligue contre le cancer, contre les administrateurs et les personnels de l’Agence nationale de sécurité sanitaire, contre le troisième syndicat agricole de France, contre la Fondation pour la recherche médicale, contre vingt mutuelles, groupes mutualistes ainsi que la Fédération des mutuelles de France, représentant plusieurs millions d’assurés, contre le Conseil scientifique du CNRS, contre la Fédération des régies d’eau potable, contre des centaines de médecins et de chercheurs qui ont signé des tribunes et des lettres ouvertes.
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