Le quotidien britannique vient de révéler, début juillet, que le Boston Consulting Group (BCG), grand cabinet de conseil, a mené une mission auprès d’une société de sécurité américaine, mandatée par un centre de réflexion israélien, sur la . L’étude évoque le déplacement de 500 000 Palestiniens et évalue des offres, si l’on ose dire, à formuler aux Gazaouis, en s’interrogeant sur la plus efficace : 9 000 dollars (7 726 euros) cash ou 5 000 dollars et quatre ans de loyer. Un plan sans les habitants, pour une reconstruction sans les survivants, facturé plusieurs millions de dollars. Le BCG s’est excusé, a licencié les coupables et renoncé à être payé.
On pourrait s’en contenter, s’il n’y avait tant de morts, tant d’horreurs et de souffrances. On pourrait faire semblant de ne pas se souvenir de l’affaire McKinsey, aux Etats-Unis, du nom du cabinet de conseil qui recommanda le surdosage des opiacés pour en augmenter le prix, entraînant, selon les CDC (Centers for Disease Control and prevention, un organisme fédéral de contrôle et de prévention des maladies), le décès de dizaines de milliers de personnes par overdose. Là encore, le cabinet a exprimé ses regrets, et passé un accord, en 2024, pour régler près d’un milliard de dollars pour éviter les procès. Les amateurs de règle de trois apprécieront.
On peut se satisfaire de ces actes de contrition. Un haut-le-cœur et au suivant. On peut plus utilement s’interroger sur ce qui rend ces scandales possibles. Comme toutes les entreprises, celles de conseil ont des « process ». On ne « staffe » pas sans accord. On n’accepte pas un nouveau client sans analyse de risque. On ne travaille pas hors des règles de déontologie.
Codes mal connus
Parlons-en. Ces règles existent. Certains cabinets refusent de travailler pour les industries du sexe, du jeu, ou du tabac, d’autres dans tel ou tel pays. Toutes érigent les fameux des censées protéger des conflits d’intérêts. Mais contrairement aux professions réglementées (avocats, experts-comptables) ou à celles adoptant des chartes (journalistes), ces codes sont rarement publiés et souvent mal connus des consultants eux-mêmes. Tout repose sur l’autorégulation.
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