En cette période d’instabilité politique française, le compromis est plus que jamais d’actualité. Il occupe une place centrale dans les débats, les discours politiques de la gauche, du centre et de la droite. Le nouveau premier ministre, Sébastien Lecornu, ne recherche-t-il pas un « compromis » pour faire adopter le budget 2026 ?
Mais de quoi parle-t-on, quand on évoque le compromis ? Qu’est-ce qui rend un compromis politique souhaitable ? Quelles sont les conditions préalables à respecter pour en garantir le succès, et que le compromis ne soit pas une trahison ou un sacrifice des principes et des convictions des uns et des autres ?
Le compromis souffre d’une mauvaise réputation, mais surtout d’incompréhension. Concept fourre-tout, il est confondu avec la compromission ou la négociation. Comparé au conflit, valorisé par certains acteurs politiques, il est perçu comme un signe de faiblesse par d’autres, synonyme d’une politique molle qui fait monter les extrêmes. Cela au risque d’oublier que le conflit a inévitablement une issue, et que le compromis, un pis-aller, n’est précisément nécessaire que dans des circonstances de conflit pour en sortir.
Depuis les élections législatives de 2022 et plus encore depuis celles de 2024, aucune force politique ne peut gouverner sans alliance. La France n’échappe pas à la tendance européenne, marquée par le pluralisme des opinions, la fragmentation du paysage politique et le manque de majorité parlementaire. Gouverner passe désormais par le compromis.
Au Parlement européen, les majorités se redessinent texte après texte. Dans les Etats européens, les gouvernements de coalition sont une pratique courante, y compris avec des partis éloignés politiquement comme en Pologne ou en Suède. En France, les politiques ne semblent pas disposés au compromis. Dans un déni de réalité politique, certains préfèrent privilégier les stratégies électoralistes à court terme, les logiques de partis, tandis que d’autres s’y engagent sans éthique, au détriment du bien commun. Le politiste Florent Gougou notait, dans un entretien , que .
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