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Procès Sarkozy-Kadhafi : « On ne peut que se réjouir que la France ait la dignité de juger et de condamner ses puissants »

La condamnation d’un ancien chef d’Etat est un fait d’une force symbolique exceptionnelle, qui a peu de précédents en Europe. Elle suscite à la fois de la compassion pour Nicolas Sarkozy et de l’admiration pour une justice qui a su mener à son terme un procès hors du commun, largement exposé aux critiques et aux soupçons.

Sans se réjouir de cette condamnation, on ne peut qu’être heureux qu’un pays comme la France ait la dignité de traduire en justice et de condamner ses puissants, eux qui d’habitude se considèrent comme intouchables. Cette décision de justice bat en brèche l’opinion répandue selon laquelle la justice est généralement plus généreuse avec les élites qu’avec le commun des mortels. La liste récente de ce type de condamnations n’est pas longue, mais très parlante. En 2011, Jacques Chirac a été condamné à deux ans de prison avec sursis pour« détournement de fonds », « abus de confiance » et « prise illégale d’intérêts ».

En 2022, François Fillon a été condamné à quatre ans de prison, dont un ferme, ainsi qu’à dix ans d’inéligibilité dans l’affaire des emplois fictifs .

Le 31 mars, c’était au tour de Marine Le Pen d’être condamnée pour détournement de fonds publics européens et déclarée inéligible pour cinq ans. Tous ces exemples sont le fruit d’une justice indépendante, courageuse et libre, qui respecte le principe d’égalitéavec une rigueur absolue.

Aucune de ces condamnations n’a donné lieu à des peines de prison ferme – quant à Nicolas Sarkozy, il s’agit encore de voir s’il sera effectivement incarcéré. De la part d’un observateur italien, de telles réserves sont inévitables : en Italie, s’il est très rare que les puissants soient condamnés, il est encore moins fréquent qu’ils séjournent en prison.

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