La France semble arriver en fin de régime politique, au moment même où les attentes à l’égard de la démocratie sont plus élevées que jamais. L’incapacité de plus en plus flagrante de la Ve République – monarchique, arrogante et inefficace – à satisfaire les attentes populaires de participation, d’écoute et de bonne gouvernance nourrit déjà les tentations révolutionnaires et autoritaires. L’écart entre la forme du régime et la nature de la société n’a jamais été aussi grand, d’où ce sentiment partagé d’être assis sur une poudrière.
Ce décalage n’est pourtant pas nouveau. Le gouvernement représentatif que nous avons hérité des révolutions du XVIIIe siècle est né sous la forme d’un régime élitiste dans son dessein et son fonctionnement originels, en France comme ailleurs. Les peuples se sont accommodés de cette réalité durant deux siècles, parce que cette oligarchie de fait était libérale, protégeait les individus contre l’arbitraire du pouvoir et avait pour fondement des élections périodiques, ce qui garantissait une redevabilité des gouvernants plus grande que sous les régimes antérieurs.
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