Comme chacun sait, l’histoire est une passion française. Nul, dans ce pays, ne peut faire de politique sans se référer d’une manière ou d’une autre à l’histoire de France. Les musées d’histoire, petits et grands, locaux et nationaux, pullulent. Quant au nombre d’amateurs et de lecteurs de livres d’histoire, il reste étonnamment important en comparaison d’autres pays. L’histoire du Moyen Age a plus particulièrement le vent en poupe : elle se vend bien, en librairie, sous la forme de podcasts ou de fictions audiovisuelles, de jeux vidéo, dans les festivals et dans les parcs à thèmes.
Mais de quel Moyen Age parle-t-on ? Celui des croisades et des Templiers ? Celui que plébiscitent aujourd’hui les nationalistes et les néofascistes d’Europe et d’Amérique du Nord ? Outre-Atlantique, les suprémacistes ayant manifesté à Charlottesville (Virginie), le 12 août 2017, pour protester contre le retrait de la statue du général Robert Lee, se sont en effet présentés comme de , selon un article universitaire de Katharine Millar et Julia Costa Lopez, publié dans .
Quant à l’imaginaire des croisades, il fut vigoureusement remobilisé au lendemain des attentats du 11 septembre 2001 par le président américain, George W. Bush, et ses « faucons », afin de justifier la guerre totale menée au Moyen-Orient. De même pour la milice du Kansas, autoproclamée « The Crusaders », et arrêtée pour avoir projeté l’attaque de plusieurs mosquées en 2016.
En France aussi, nous avons nos milliardaires d’extrême droite, à la recherche des racines de la civilisation blanche et chrétienne. Nous connaissions Vincent Bolloré, mais c’est Pierre-Edouard Stérin qui a récemment fait parler de lui avec son plan de bataille – baptisé « plan Périclès »– conçu pour faire accéder l’extrême droite au pouvoir. On y trouve la volonté explicite d’investir dans la diffusion à grande échelle d’un roman ultranationaliste, sous la forme de fêtes traditionnelles (plus ou moins historiques), ou de festivals tels que les Murmures de la cité, à Moulins, que a malicieusement qualifiés de.
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