Dans le box de la cour d’assises spéciale de Paris, un justicier se lève et s’approche du micro. , annonce-t-il d’un ton solennel.
A l’écouter, on se demanderait presque ce qu’Abdelhakim Sefrioui, 65 ans, fait dans le box des accusés du procès de l’assassinat de Samuel Paty. Lui aussi d’ailleurs. Au fil des audiences, on a découvert son passé militant, ses innombrables interventions, souvent houleuses, contre des imams qui ne lui revenaient pas ou dans des collèges secoués par des polémiques liées au port du voile. Ce portrait avait laissé une impression tenace : Abdelhakim Sefrioui ne doute de rien, et surtout pas de son bon droit.
Mardi 3 décembre, à l’occasion de son interrogatoire, on l’a entendu pour la première fois sur les faits qui lui sont reprochés. Jugé pour « association de malfaiteurs terroriste », il est accusé d’avoir mené, avec le père d’une collégienne, Brahim Chnina, une campagne diffamatoire du prophète Mahomet par Samuel Paty, campagne qui avait suscité un à l’encontre du professeur d’histoire-géographie et l’avait désigné comme une « » jusqu’à sa mort, le 16 octobre 2020.
Un acrobate de la digression
On a découvert un accusé affable, volontiers ergoteur, imperméable au doute et disposant d’un savoir-faire certain pour répondre à côté des questions. Une épuisante machine à débattre, un acrobate de la digression. A le voir se défendre avec tant de pugnacité, on imagine sans mal le calvaire qu’ont dû vivre les adversaires qui ont croisé sa route militante, comme l’imam Hassen Chalghoumi, qui était venu raconter quelques jours plus tôt l’enfer qu’était devenu son quotidien [s].
On en était donc là quand Abdelhakim Sefrioui s’est approché du micro., commence-t-il. Mais il entend aussi se laver du qualificatif qui lui est accolé depuis le début de ce procès, celui d’. Il préfère . Un militant politique donc, qui a pour seuls combats la question de l’islam en France, notamment à l’école, et la cause palestinienne.
Il vous reste 66.89% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.