L’antisémitisme n’avait attendu ni les raids israéliens sur Gaza ni les manipulations de Benyamin Nétanyahou pour flamber en France. Des tueries de Toulouse et de Montauban à celle de l’Hyper Cacher à Paris, de l’assassinat d’Ilan Halimi aux meurtres de Sarah Halimi et Mireille Knoll. Mais cette réalité, attestée par les glaçantes statistiques du ministère de l’intérieur, a pris une autre dimension depuis les attaques terroristes du 7 octobre 2023 menées par le Hamas contre Israël. Cette année-là, le nombre d’actes antijuifs avait augmenté de 284 %. Jamais depuis 1945 l’idée d’un sentiment d’insécurité des juifs en France n’a paru aussi crédible.
La riposte militaire israélienne qui s’est traduite par un immense carnage parmi la population palestinienne de la bande de Gaza n’a fait que renforcer les tensions, alourdissant le malaise des Français juifs, entre réprobation et attachement à Israël, entre crainte et sentiment d’isolement. Rien ne dit que le retour des otages et le cessez-le-feu à Gaza apaise ce trouble profond et les divisions qu’il exacerbe. Au sentiment de ne pas être compris dans la façon de vivre les événements du Proche-Orient se mêle la difficulté croissante de s’identifier à un pays à la politique tragique, dont l’image s’effondre. Selon un sondage publié par le le 6 octobre, 61 % des juifs interrogés aux Etats-Unis estiment qu’Israël a commis des crimes de guerre contre les Palestiniens, et 39 % un génocide.
En France, pays qui compte le plus grand nombre de juifs après Israël et les Etats-Unis, l’antisémitisme demeure largement concentré dans l’électorat d’extrême droite, selon le sondage annuel de la Commission nationale consultative des droits de l’homme, contredisant la judéophilie affichée par le Rassemblement national. Mais il sévit aussi et il est en hausse à l’extrême gauche et parmi les musulmans, selon la même enquête et celle de la Fondation pour l’innovation politique.
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