Notre système de santé, ce bien commun dont le modèle était, il y a quelques dizaines d’années, cité en exemple, est, de décisions politiques en réformes successives, aujourd’hui profondément déclassé. Incapables de revoir en profondeur son mode de financement, les responsables politiques usent et abusent d’un logiciel défaillant : la taxation et la pénalisation des usagers du système que sont les malades, et les soignants. Autrement dit, pour continuer à exister, le système devient autophage : il se nourrit de ses propres organes.
Ainsi, il double les franchises sur les soins : cette « taxe sur la maladie », à l’exact opposé de la volonté des fondateurs de la Sécurité sociale de , est cyniquement justifiée par la nécessité de les patients – soudain coupables d’être malades. Ce changement de la façon de percevoir la maladie est renforcé par la fiscalisation annoncée des indemnités journalières des patients en affection de longue durée. Le système solidaire s’efface ainsi chaque jour un peu plus, sous la pression d’intérêts court-termistes, construits par le manque d’ambition politique.
Les médecins deviennent, quant à eux, des boucs émissaires idéaux. Le projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) pour l’année 2026 institue ainsi un encadrement, des pénalisations et des surtaxes sur les revenus du soin. Les médecins qui facturent des honoraires complémentaires, rendus responsables d’aggravation des inégalités d’accès au soin, sont désignés coupables et condamnés.
L’autorisation des compléments d’honoraires fut accordée par Raymond Barre , alors premier ministre, conscient que l’assurance-maladie ne pourrait pas suivre l’inflation galopante et permettre seule le maintien de l’offre et de la qualité du soin. Les conditions d’accès sont strictes et fixées par la loi : il faut, pour pouvoir les facturer, justifier de deux ans comme assistant chef de clinique ou assistant spécialisé, ou de cinq années comme praticien hospitalier titulaire, ou de cinq années comme praticien hospitalier des hôpitaux d’instruction des armées.
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