Le jugement qui condamne Nicolas Sarkozy à une peine de cinq ans d’emprisonnement pour l’affaire du financement de sa campagne électorale de 2007 a résonné comme un coup de tonnerre. Il est vrai que c’est la première fois qu’un président de la République française sera incarcéré, même s’il bénéficie toujours, ayant fait appel, de la présomption d’innocence.
Que dit ce jugement, au-delà de sa formulation et des innombrables commentaires qui ont suivi ? Pour en prendre la mesure, il faut sonder notre culture démocratique où deux histoires se croisent : celle de l’éthique des responsables politiques et celle de la loi qui a porté le juge sur le devant de la scène publique.
L’exemplarité qui fonde l’éthique politique a longtemps été incarnée par la vertu au sens que Montesquieu donnait à ce terme, c’est-à-dire le dévouement à l’intérêt du pays. Dans la République romaine , c’est la vertu qui définit les citoyens appelés aux charges suprêmes : à la fois la bonne conduite publique – respect de l’intérêt général, de ses obligations religieuses, de sa conduite à la guerre – mais aussi privée, comme , par exemple. En cas de défaillance de leur probité, on constatait la perte de la ,c’est-à-dire de la possibilité de leur faire confiance. Plus le grade était élevé, plus les règles de contrôle étaient rigoureuses et l’excellence exigée.
Notre République, dès l’origine, a érigé la Rome républicaine en modèle, notamment dans la lecture qu’en donnait Montesquieu dans (1748). Pour lui, la vertu publique, au sens du désintéressement, de l’amour de la patrie, des lois et de l’égalité, est le ressort de la République :
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