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« Des offensives anticlimat aux remises en cause de l’Etat de droit, la montée des mensonges officiels signe le retour d’une logique stalinienne »

Lorsque la vérité politique prime sur les faits établis, la démocratie, la science et la rationalité elles-mêmes sont en danger. L’allure de purges et d’opérations de censure qu’ont pris, aux Etats-Unis de Donald Trump, le limogeage massif de scientifiques travaillant sur les questions de climat, de santé et de sciences humaines, et le bannissement de certains sujets de recherche, valide, aussi hallucinant que cela paraisse, la référence au stalinisme.

En 1948, le dirigeant de l’URSS, auréolé de sa victoire sur le nazisme, donne à une imposture le statut de vérité officielle. La théorie de l’agronome Trofim Lyssenko, selon laquelle le milieu environnant prime sur les caractères génétiques et peut modifier radicalement l’évolution des espèces, est censée couronner la victoire d’une prétendue « science prolétarienne » sur la « science bourgeoise ». Staline porte au pinacle ce faux savant qui promet de quintupler le rendement du blé et plombera pendant des décennies la recherche génétique soviétique.

Les victimes des bobards de Donald Trump ne sont pas déportées ou éliminées comme les scientifiques qui, en URSS, refusaient de renier leurs savoirs. Mais elles perdent leur emploi, sont clouées au pilori des réseaux sociaux dans un dénoncé, fin mars, dans une lettre ouverte signée par des milliers de scientifiques.

Quant au formidable rayonnement de la recherche américaine, il est sacrifié au nom d’une idéologie et d’intérêts financiers.

A la manière de Staline officialisant l’idée selon laquelle la vérité scientifique en vigueur dans un pays « socialiste » serait différente de celle prévalant dans le monde capitaliste, Donald Trump fait comme si le réchauffement climatique et ses menaces sur la vie sur Terre, établis par un consensus scientifique, étaient, dans son pays, selon son expression, des .

Le bannissement de centaines de mots liés à l’inclusivité et à la diversité – y compris la suppression de pages consacrées au bombardier Enola Gay, qui a largué la bombe atomique sur Hiroshima en 1945, car il comporte le mot « gay » – évoque irrésistiblement une autre référence en matière de totalitarisme, le roman , de George Orwell, écrit en 1948, précisément l’année du triomphe de Lyssenko. se vante l’un des personnages, Syme, philologue au ministère de la vérité  (…) 

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