Emmanuel Macron est arrivé, lundi 21 avril, à Mayotte, première étape d’une tournée de cinq jours dans l’océan Indien. L’avion du chef de l’Etat a atterri à 8 h 15 (7 h 15 à Paris) à Mamoudzou, chef-lieu du département le plus pauvre de France. Il va passer une journée à la rencontre de la population et des élus et faire le point sur la reconstruction de l’archipel, encore meurtri par le passage du cyclone Chido, en décembre 2024.
Lors de cette tournée, le président de la République va réaffirmer les ambitions françaises de puissance régionale et une volonté de coopération renforcée avec les Etats du sud-ouest de l’océan Indien. Après des étapes à Mayotte et à La Réunion, les deux départements aux avant-postes de la présence française dans cette zone, il se rendra à Madagascar et à l’île Maurice. Jeudi, il participera à Antananarivo, la capitale malgache, au cinquième sommet de la Commission de l’océan Indien (COI), qui réunit cinq Etats insulaires (Madagascar, Maurice, Comores, Seychelles, France au titre de La Réunion).
, résume, à l’Agence France-Presse (AFP), Christiane Rafidinarivo, chercheuse au centre de recherches politiques Cevipof de Sciences-Po, à Paris.
Grâce à ses multiples îles et îlots à travers les océans, la France possède le deuxième espace maritime du monde (10 millions de kilomètres carrés), dont 27 % dans cette partie du globe. Avec les îles Eparses (Tromelin, Glorieuses, Juan de Nova, Europa et Bassas da India), des « confettis » quasi inhabités – sans compter Mayotte, au Nord –, elle contrôle plus de la moitié de la surface du canal du Mozambique, redevenu un carrefour stratégique du transport maritime international. Elle dispose également de moyens militaires, dont une base navale à La Réunion, et économiques conséquents par rapport aux pays riverains.
Mais Madagascar revendique la souveraineté sur les îles Eparses tout comme les Comores sur Mayotte, qui s’en est détaché lors de leur indépendance, en 1975, pour rester française. L’île Maurice réclame, de son côté, Tromelin au nord de La Réunion.
Soutien russe aux revendications de Madagascar
Le canal du Mozambique renferme d’importantes réserves en hydrocarbures et halieutiques. Le rôle de la France y est désormais disputé par la Chine, qui investit massivement dans la zone, notamment à travers le développement de ports, et dispose d’une importante flotte de pêche. Les Etats-Unis, la Russie et l’Inde y renforcent également leur présence. Russes et Chinois y ont mené des exercices militaires avec l’Afrique du Sud. La Russie, après avoir tenté en vain d’adhérer à la COI en 2020, a apporté son soutien à Madagascar dans sa revendication sur les îles Eparses, tout comme aux Comores, dont elle s’est rapprochée, pour Mayotte.
Face à ces résistances, Emmanuel Macron devrait s’en tenir à une ligne pragmatique, c’est-à-dire demander une progressive de Mayotte à la COI à travers des programmes de coopération notamment sur la santé.
Mayotte, département le plus pauvre de France, présente d’énormes fragilités, avec une importante pression migratoire en provenance des Comores et le cyclone Chido, le plus dévastateur depuis 90 ans, qui a mis à terre son économie en décembre. Un projet de loi de programmation très attendu de « refondation » de l’archipel doit être présenté en vue d’une adoption d’ici à l’été par le Parlement.
Une loi d’urgence, destinée à faciliter la reconstruction de Mayotte via des assouplissements aux règles d’urbanisme et de commande publique, a déjà été adoptée en février, deux mois après le passage du cyclone qui a fait 40 morts et causé 3,5 milliards d’euros de dommages.
Le texte de « refondation » comprend, lui, des , selon le ministre des outre-mer, Manuel Valls. Le projet de loi prévoit notamment un durcissement pour l’obtention du titre de séjour dans l’archipel, une aide au retour volontaire et entend faciliter les évacuations d’habitats insalubres et illégaux. Il prévoit également des mesures fiscales pour favoriser l’économie et l’emploi ainsi que des mesures de soutien à la jeunesse.
Après un discours d’Emmanuel Macron, prévu à 17 heures locales (16 heures à Paris), le texte sera entériné dans la soirée par un conseil des ministres spécial que le chef de l’Etat présidera en visioconférence depuis l’avion qui le mènera à La Réunion.
Le Monde avec AFP
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