Français

Emmanuel Macron rattrapé par les retraites

Le premier ministre démissionnaire a achevé sa de. Mercredi 8 octobre, Sébastien Lecornu est venu dire au « 20 heures » de France 2 qu’il ne pouvait pas dire grand-chose mais qu’un était possible puisqu’. La sortie de cette crise politique majeure incombe à Emmanuel Macron, seul en capacité de nommer un nouveau premier ministre ou de dissoudre l’Assemblée nationale, une perspective qui effraie tous les partis, sauf le Rassemblement national (RN) et La France insoumise. Pour tenir jusqu’à la fin de son second mandat, le président de la République est condamné à lâcher, non seulement sur la forme mais aussi sur le fond.

Depuis dimanche soir, le chef de l’Etat a vu de nouveaux pans de son pouvoir s’écrouler. Son quinquennat, déjà bien entravé par les élections législatives de 2022 puis par celles qui ont suivi sa catastrophique dissolution de 2024, ne tient plus qu’à un fil. Car cette fois-ci, ce sont des figures du macronisme qui demandent des évolutions.

En quelques jours, deux de ses anciens premiers ministres, Gabriel Attal et Edouard Philippe, ont dit ne plus le comprendre ou l’ont invité à démissionner. Un fait inimaginable il y a encore quelques semaines. Mardi soir, une autre ancienne cheffe de gouvernement, Elisabeth Borne, a même proposé de suspendre la réforme des retraites de 2023, adoptée au forceps grâce au 49.3 en dépit d’une mobilisation sociale. Ce dossier, , selon M. Lecornu, est la clé de la sortie de crise.

Une réalité qui le contraint fortement

Le chef de l’Etat est acculé. Lâché par la droite, il pourrait nommer un gouvernement de gauche qui suspendrait la réforme ou choisir un premier ministre de son camp qui endosserait ce recul pour espérer une non-censure. Signe de l’affaiblissement du président de la République, c’est la première fois qu’il serait contraint de renier un texte aussi important. Même après les élections législatives perdues de 2024, il était resté intransigeant sur ce point, critère majeur pour le choix de son premier ministre.

Est-il prêt à abandonner cette réforme paramétrique, déjà bien moins ambitieuse que celle, à points, qu’il avait envisagée lors de son premier quinquennat, mais qui reste considérée comme structurante par une grande partie des députés macronistes ? A plusieurs moments de ses mandats, M. Macron a promis qu’il allait évoluer. Après la crise des « gilets jaunes », après la pandémie de Covid-19, après sa réélection, le chef de l’Etat s’est engagé à , à , à sans réel effet sur sa pratique du pouvoir.Cette fois, il ne peut plus échapper à une réalité qui le contraint fortement.

Si cette crise finit par se dénouer par un recul de l’Elysée, les autres partis devront se montrer à la hauteur. Après une semaine de tractations et de postures, les Français ne comprendraient pas qu’un budget ne soit pas voté à l’Assemblée nationale et au Sénat. Et, en cas de suspension de la réforme des retraites, la gauche devra être explicite sur la façon dont elle veut financer ce système dès 2026 et dans les années à venir.

Quant à la droite, dont certaines composantes sont de plus en plus tentées par un rapprochement honteux avec un RN qui n’a cessé de réclamer l’abrogation de cette réforme, elle devra également clarifier sa position. Ce dossier-clé, que le président pensait avoir refermé, se retrouve au cœur de la fin tourmentée de son second quinquennat.

Le Monde

S’abonner

Contribuer

Réutiliser ce contenu