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François Mabille : « La cathédrale Notre-Dame incarne une résistance symbolique au chaos mondial »

Les 7 et 8 décembre, la réouverture de la cathédrale Notre-Dame de Paris après l’incendie de 2019 a dépassé de loin le simple événement religieux. C’est à une véritable scène de pouvoir où s’entrelaçaient les dimensions religieuse, politique et diplomatique que l’on a assisté, l’événement se transformant en une mise en scène symbolique où chaque acteur – Etat, Eglise et communauté internationale – a joué un rôle précis.

En tant qu’événement global, cette réouverture est une théâtralité révélant comment le religieux, le politique et le diplomatique se nourrissent mutuellement pour affirmer leur légitimité. Une cathédrale qui se relève, c’est aussi un Etat qui se projette et un monde qui se souvient de ses symboles et liens communs. Bien plus qu’un édifice, Notre-Dame est un espace sacré chargé de significations religieuses.

Sa réouverture a marqué un moment-clé pour l’Eglise catholique en France, confrontée à une époque de sécularisation et de crises internes. La restauration de la cathédrale a symbolisé la résilience d’une institution millénaire face à l’épreuve, les cérémonies de la réouverture, riches en rituels et en symboles, cherchant à réactiver la connexion entre le sacré et la communauté croyante, voire la communauté humaine.

La réouverture de Notre-Dame, un théâtre du pouvoir politique

La liturgie inaugurale fut un acte spectaculaire, conçu pour réaffirmer l’autorité spirituelle de l’Eglise sur un espace qui incarne à la fois le divin et l’héritage culturel français. Mais la liturgie a tenu également du spectacle s’adressant aussi aux non-croyants, transformant ainsi l’acte religieux en un événement universel.

Cette tentative de communion nationale met en scène l’Eglise non seulement comme gardienne du sacré, garante d’un (D. Hervieu-Léger), mais aussi comme actrice de l’unité sociale, ce qu’elle n’est plus depuis longtemps. Mais la réouverture de Notre-Dame fut également un théâtre du pouvoir politique, dévoilant les multiples visages des protagonistes.

La promesse du président Macron de reconstruire Notre-Dame en cinq ans a incarné une forme de performativité politique. L’Etat a pris en charge cette mission comme un acte souverain, mobilisant des architectes, des artisans et des fonds publics et privés. Ce projet a priori impossible devient une preuve tangible de l’efficacité de l’appareil étatique face à une catastrophe nationale. Ici, la cathédrale devient un symbole de la France elle-même : blessée mais debout, à l’image d’un Etat capable de surmonter les crises.

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