La roue tourne vite dans le handball féminin. En décembre 2023, les handballeuses françaises remportaient leur troisième titre mondial en Scandinavie et semblaient asseoir leur domination sur la planète handball. Un an plus tard, les vice-championnes olympiques sont rentrées dans le rang, incapables de remporter le moindre match en phase finale de l’Euro, malgré sept succès initiaux dans cette compétition.
Après avoir échoué vendredi en demi-finale face au Danemark (22-24), les Françaises ont laissé échapper la médaille de bronze (24-25), dimanche 15 décembre, contre la Hongrie. Un adversaire qu’elles avaient battu (27-30) cinq jours plus tôt au tour principal. Pour les Tricolores, l’histoire se répète cruellement. Deux ans plus tôt, le Monténégro, qu’elles avaient laminé en poule, les avait privées du podium lors de l’Euro 2022 en Slovénie.
Si la roue tourne vite pour certaines, ce n’est pas le cas pour les Norvégiennes. Les championnes olympiques n’ont fait qu’une bouchée (31-23) des Danoises en finale. La Norvège, grande favorite de la compétition, décroche ainsi son dixième titre européen, le troisième de suite.
Inconstantes en attaque
Pour les Tricolores, ce match pour la troisième place sentait le piège. La frontière avec la Hongrie n’étant qu’à 300 kilomètres de Vienne, de nombreux supporteurs hongrois avaient fait le déplacement. Munis de tambours et de trompettes, ils ont bruyamment rempli la Wiener Stadthalle et transformé l’enceinte de 6 500 places en cocotte-minute. Une ambiance survoltée qui a porté l’équipe magyare tout au long de la rencontre.
Comme lors de leur match précédent, les Tricolores ont été solides en défense, mais inconstantes en attaque. Confondant vitesse et précipitation, elles ont gâché beaucoup de munitions en première période et n’ont dû qu’aux exploits de leur gardienne Laura Glauser de rester au contact à la pause (12-13).
La seconde période a été de meilleure facture, et les Bleues, au courage, sont parvenues à passer devant leurs adversaires à l’entame du « money-time » (22-21 à la 51e minute). Dans une ambiance irrespirable, la portière hongroise Zsofi Szemerey a mis fin aux espoirs tricolores. La joueuse de Metz, qui affiche le meilleur taux d’efficacité du tournoi (38,6 % d’arrêts), permis aux Maagyares de remporter leur première médaille depuis douze ans.
a réagi à chaud la capitaine Estelle Nze Minko.
Sébastien Gardillou, le sélectionneur des Bleues, n’a pas caché sa déception, lui non plus. a-t-il déclaré.
Chantiers prioritaires
Les chantiers ne vont pas manquer. Historiquement, l’équipe de France a bâti ses succès à partir d’une défense de fer et de contre-attaques rapides. Cette stratégie ne surprend plus. Un constat qui va obliger les Bleues à revoir leur copie.
estime Nodjialem Myaro, la présidente de la Ligue féminine de handball. De mieux en mieux préparées physiquement, les adversaires des Françaises ne « craquent » plus physiquement en fin de match.
Pour cette raison, Sébastien Gardillou, alors adjoint d’Olivier Krumbholz, avait mis au point en 2023 des combinaisons sophistiquées en attaque placée qui ont amené l’équipe au titre Mondial. Un an plus tard, ces combinaisons ont été éventées.
Pour déstabiliser les défenses adverses,poursuit Mme Myaro. Lors de l’Euro, Orlane Kanor et Tamara Horacek, les deux Françaises les plus performantes dans ce domaine, ont failli.
Pour l’instant, », observe l’ancienne gardienne internationale Valérie Nicolas. Un constat partagé par le staff tricolore.
« Ça se joue sur des détails »
Cet échec annonce-t-il la fin d’un cycle ? A l’exception de Tamara Horacek, en deçà de ses standards habituels, les cadres de l’équipe ont été au rendez-vous. La pivot Pauletta Foppa a été retenue dans l’équipe-type de l’Euro. Les trentenaires Grâce Zaadi, Estelle Nze Minko et Laura Flippes ont réussi leur tournoi. En revanche, les remplaçantes n’ont pas pesé sur la phase finale. Considérée comme une future leader des Bleues, Léna Grandveau (21 ans) n’a pas réitéré ses exploits du mondial 2023.
L’ossature de l’équipe devrait être préservée. Pour l’ancien international Jérôme Fernandez, à l’exception de la Norvège, nettement supérieure, insiste-t-il.
Sur ce plan, le staff tricolore paraît capable de rivaliser avec les Scandinaves. Lui revient la tâche de mettre au point de nouvelles stratégies. Parmi les pistes à explorer, la défense étagée (2-4), avec deux joueuses détachées devant la ligne défensive pour harceler le porteur de balle adverse, a failli faire basculer le match contre le Danemark. Autre option à creuser, sortir la gardienne pour jouer à deux pivots, comme le font les Norvégiennes.
Après la défaite contre le Danemark, Sébastien Gardillou a donné des indications sur ses axes de travail pour les prochains mois. Laissant entendre que certaines titulaires dans la trentaine pourraient faire un break pour maternité en 2025, il a annoncé qu’il pourrait . De nouveaux visages pourraient donc faire leur apparition dans la perspective des Jeux de Los Angeles en 2028, objectif prioritaire de la fédération.
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