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Joëlle Alazard, docteure en histoire : « Enseigner l’histoire de France aujourd’hui, c’est mieux équiper les élèves face aux discours simplistes ou haineux »

Enseigner une histoire objective et scientifique suppose de rompre avec la tentation téléologique (admettant l’existence d’une finalité), dont le chemin est souvent pavé d’anachronismes. La France, à l’inverse de l’épopée sanctuarisée souvent glorifiée pour le grand public ou une partie de la classe politique, ne se construit pas dès l’Antiquité ou le haut Moyen Age. Vercingétorix, héroïsé et statufié par le Second Empire et la IIIe République, n’est pas un précurseur de la résistance nationale, mais un chef vaincu par Rome, récupéré par l’imaginaire scolaire républicain.

De même, Hugues Capet n’a pas été élu, le 3 juillet 987, avec un plan politique pluricentenaire à l’esprit. Reléguons aux oubliettes les images d’Epinal qui présentaient une lignée de rois allant du fondateur de la dynastie à Louis XIV, comme si la conception royale d’un pouvoir fort était ancrée depuis la fin du Xe siècle… On sait de longue date que les premiers Capétiens ont avant tout cherché à consolider leur pouvoir personnel, et que c’est grâce à leur statut de roi sacré qu’ils ont pu enraciner une dynastie. Ce n’est qu’avec Louis VI, Louis VII puis Philippe Auguste – après Bouvines, le 27 juillet 1214 – que le pouvoir royal commence à structurer un espace politique plus cohérent.

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