La vidéo dure moins de trente secondes. Mais elle a suffi à provoquer des dizaines de commentaires courroucés avant d’être retirée, du moins temporairement, des réseaux sociaux du gouvernement. Le 27 mai, à l’occasion de la Journée nationale de la Résistance, le SIG (service d’information du gouvernement) publiait sur les comptes Instagram et TikTok « @gouvernementfr » une vidéo à la gloire d’une résistante imaginaire. Des plateformes choisies pour toucher une audience jeune, alors que cette Journée nationale est notamment mise en avant auprès des collégiens et lycéens par le ministère de l’éducation nationale.
La vidéo a été créée avec un logiciel de génération de contenus par intelligence artificielle (IA), comme le signalait le petit panneau d’avertissement , apposé par Instagram. On y voit une femme distribuer un journal clandestin pendant la seconde guerre mondiale, puis se faire capturer, avant de célébrer la libération de Paris en 1944. Des scènes inspirées par le témoignage de la résistante Madeleine Riffaud, rapportent les équipes du SIG au .
Problème : au moins une erreur historique flagrante était visible dans la réalisation, avec la présence d’un soldat dont le casque rappelle celui des Allemands aux côtés de membres de la Résistante en liesse. , notait un commentaire Instagram avant que la vidéo ne soit supprimée, prouvant que la vidéo prêtait à confusion pour ses spectateurs.
Le film IA a été sauvegardé par des internautes, et reste visible sur d’autres plateformes, comme Bluesky.
Des vidéos virales historiques sur TikTok
Le titre de la vidéo – – témoigne d’une volonté manifeste de reprendre les codes d’une tendance virale précise, celle des « POV Time Travelers » (« point de vue de voyageurs du temps »), populaire notamment sur TikTok. De telles vidéos résument à grands traits des événements historiques ou des biographies de personnages célèbres : les images générées par IA servent à reconstituer grossièrement certaines étapes-clés. C’est ainsi que des utilisateurs de TikTok ont imaginé des biographies parfois approximatives de Jacques Chirac, d’Emmanuel Macron ou de Marine Le Pen illustrées par IA. Le compte « @timetravellerpov » rassemble, lui, près de 600 000 abonnés avec des vidéos pouvant générer des dizaines de millions de vues, réimaginant les dernières heures du ou la vie quotidienne en 1351 pendant la peste noire.
La tendance inquiète certains historiens, notait la radio Le Mouv’ en mars, en raison des erreurs et des anachronismes qui parcourent ces productions. Le médiéviste William Blanc, sur le réseau social Bluesky, a décortiqué une vidéo dédiée à la vie de Jeanne d’Arc générée par IA et percluse d’erreurs (présence d’un drapeau bleu, blanc, rouge, de soldats de la première guerre mondiale…). Il conseillait de se de telles vidéos, tout en captant l’attention avec des mises en scènes accrocheuses ou confirmant des clichés historiques.
S’inscrire dans les tendances sur l’IA
Sur Instagram, la plupart des commentaires sous la vidéo du 27 mai s’indignaient surtout du procédé, alors que l’utilisation de l’IA dans la production de contenus en ligne est perçue comme une menace par de nombreux artistes., ironisait un utilisateur. , reprochait également un autre abonné.
Le SIG assume cependant totalement avoir usé d’IA pour produire ce contenu. , commente Michaël Nathan, directeur du SIG, auprès du . Une précédente vidéo du genre () avait d’ailleurs déjà été publiée sur le compte TikTok du gouvernement le 29 avril.
Le SIG prévoit d’ailleurs de republier la vidéo de la résistante générée par IA, une fois des corrections apportées. Michaël Nathan précise que .
Le SIG explique par ailleurs avoir par le passé beaucoup travaillé sur des contenus diffusés en ligne à partir d’archives de la Résistance française. , tient à rappeler Michaël Nathan.
Contribuer