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« Le Grand Continent » éclaire la contre-révolution réactionnaire planétaire

La revue des revues. En six années d’existence, est devenu la revue européenne de référence pour penser un monde en plein basculement. Tiré à 16 000 exemplaires, le nouveau volume annuel en format papier de cette élégante publication en ligne témoigne, une nouvelle fois, de sa capacité à éclairer les révolutions du moment. Et même les contre-révolutions en cours, comme celle de l’ qui, selon le politiste italien Lorenzo Castellani, caractérise l’alchimie du trumpisme, capable d’associer l’accélération technologique du numérique et le conservatisme identitaire des populistes.

Les conditions qui ont rendu possible ce des magnats de la tech demeurent, prolonge l’ancienne eurodéputée néerlandaise Marietje Schaake. Ces entreprises nous ont en effet piégées, comme l’illustre le labyrinthe que doit emprunter un internaute désireux d’éviter les cookies sur un site, et souvent conduit, de guerre lasse, à les accepter et à transmettre ainsi ses données et ses coordonnées à des multinationales orientées. A l’image du réseau X, détenu par l’Américain Elon Musk, mais aussi de TikTok, , soutient-elle. La servitude se fait volontaire : ce sont les créateurs de contenus et les utilisateurs eux-mêmes qui protestent contre son interdiction ou sa limitation, observe Marietje Schaake.

C’est pourquoi le plat de résistance de la revue est consacré aux manifestes des élites techno-césaristes de la Silicon Valley : l’idéologie du techno-monarchiste Curtis Yarvin, qui considère que  ; le techno-optimisme du trumpiste Marc Andreessen ; le de Sam Altman, PDG d’OpenAI, destiné à forger un nouveau contrat social porté par la révolution de l’intelligence artificielle ; le récit de l’itinéraire libertarien de Peter Thiel, l’un des principaux investisseurs de la Silicon Valley, qui souhaite , grâce au cyberespace, qui crée des communautés non étatiques, à la conquête spatiale, mais également avec la perspective de .

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