Jordan Duflot a 27 ans, des cheveux en brosse et une barbichette rousse, une doudoune sans manches et des tracts comme un brise-glace, dans cette 1re circonscription des Ardennes : collée entre Marine Le Pen et Jordan Bardella, sa bobine souriante trône juste au-dessus de la flamme tricolore du Rassemblement national (RN). L’Ardennais de naissance mène une campagne électorale presque silencieuse, car le , comme aime le dire l’extrême droite, parle pour lui.
Les jours précédant l’élection législative partielle des dimanches 1er et 8 décembre ont agi comme un accélérateur de flamme. La condamnation pour détournement de fonds publics du maire (divers droite) de Rethel, l’une des deux villes de la circonscription – l’édile a fait appel. Une mère de famille agressée au couteau dans un village, devant l’école où elle déposait ses enfants. Les commerçants de Rethel qui s’inquiètent, à la une du quotidien local , d’une succession de cambriolages qui va , prédit un opticien.
Alors, pourquoi s’en faire ? Jordan Duflot préserve ses chaussures pointues. Un marché ici, une mobilisation des agriculteurs là, beaucoup de tracts (35 000, assure-t-il) glissés dans les boîtes aux lettres par les maigres troupes lepénistes. Il fait campagne en continuant de travailler dans le département voisin de la Marne, où il est cadre dans une structure d’hébergement social. Ses concurrents racontent avoir croisé tout le monde, sauf le favori, qui sera au second tour, ils le savent – s’il n’est pas élu au premier…
a multiplié messages et coups de fil sans réponse avant de le croiser, par chance, sur le marché de Rethel, jeudi 28 novembre. Il déroule le programme du parti d’extrême droite et ses éléments de langage sur le procès intenté à la leader du RN, Marine Le Pen, ou le de Jordan Bardella, le président du parti. Ici, les mesures de pouvoir d’achat et le présumé laxisme judiciaire font recette, comme la colère agricole. La xénophobie n’est pas un argument de campagne, l’immigration extraeuropéenne étant presque inexistante. , assure-t-il toutefois.
La droite divisée
Drôle d’élection, à trois semaines de Noël, par un froid à ne pas mettre un électeur dehors. Le député RN précédent est parti sur la pointe des pieds. Pourtant, Flavien Termet, parachuté de Bretagne et âgé de 22 ans, s’était fait élire relativement aisément dans cette circonscription favorable : un vrai espoir du parti, benjamin de l’Assemblée nationale, venu du parti Les Républicains (LR), qui pensait s’investir sur le monde du travail, impensé du lepénisme. Mais le 30 septembre, Flavien Termet annonce quitter l’Assemblée nationale pour .
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