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« L’IA pourrait représenter un puissant levier pour réduire les inégalités entre différents milieux socioculturels »

L’intelligence artificielle impose à l’école un double impératif. Vue par certains comme une opportunité inédite, par d’autres comme une menace réelle, elle exige que l’on réconcilie ces visions opposées pour en retirer tout son potentiel. Partout, l’Intelligence articifielle (IA) nous force à réfléchir aux valeurs éducatives et à défendre l’essentiel : la connexion à l’autre, l’attention, la curiosité, la pensée critique et le respect des valeurs locales. Dans les pays du Sud, elle représente une opportunité d’accélération et un levier d’accès aux savoirs si elle est conçue et gouvernée de façon éthique et responsable. A l’échelle mondiale, l’école du XXIsiècle doit à la fois accélérer l’accès au savoir et préserver la formation de l’esprit.

L’IA facilite l’accès à l’information, accélère la production de contenus et permet une personnalisation adaptée à chaque niveau et profil d’élève. Dans les pays du Sud, l’IA pourrait alléger le poids des pénuries d’enseignants et soutenir des classes surchargées, en venant en appui aux professeurs, à condition d’un ancrage local, d’infrastructures adaptées et de communautés équipées. Des programmes pilotes en Inde, au Malawi et au Nigeria montrent des progrès d’apprentissage substantiels en quelques semaines ou mois.

En Egypte, des chercheurs ont conçu des systèmes de tutorat fondés sur l’IA pour aider les enseignants à apprendre les mathématiques, en arabe, aux filles dans des écoles communautaires défavorisées, situées dans des zones reculées du pays. D’ailleurs, les filles bénéficient davantage de ces programmes de tutorat, rattrapant l’écart souvent initialement constaté avec les garçons. Ainsi bien maîtrisée, l’IA pourrait représenter un puissant levier pour réduire les inégalités entre différents milieux socioculturels et genres.

Mais le monde n’attend pas : l’adoption individuelle explose avec des usages de tutorat scolaire massifs et un marché de l’edtech qui cible autant les familles que les institutions. Le défi n’est plus de prouver le potentiel, mais d’organiser un accès régulier et équitable. Deux conditions s’imposent alors : d’abord, des infrastructures publiques pour garantir l’accès universel, faute de quoi les élèves sans accès à l’électricité ou aux appareils seront doublement pénalisés.

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