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« On les a tamponnés retamponnés, ils ont fait un accident, balle à bout portant dans la tête » : les échanges cryptés entre trafiquants de drogue de Besançon exhumés par la justice

Marseille n’a pas le monopole des narchomicides. A 500 kilomètres du fief de la DZ Mafia, la cour d’assises du Doubs s’apprête à plonger à son tour dans les bas-fonds ultraviolents du grand banditisme. Une immersion vertigineuse permise par l’accès aux archives de la messagerie Sky ECC, que les organisations criminelles pensaient, à tort, inviolable.

Du 16 au 20 décembre, à Besançon, trois accusés seront jugés pour l’assassinat de Houcine Hakkar. Ce garagiste sans histoires, victime collatérale d’une guerre sans pitié entre deux gangs rivaux, a été exécuté le 8 mars 2020 dans les rues de la capitale comtoise. Menée par le clan « Picardie », cette expédition punitive constituait l’apogée tragique de quatre mois de fusillades au sein de Planoise, un quartier gangrené par le trafic de drogue. Utilisés comme chair à canon par les deux camps, une douzaine de jeunes avaient déjà été blessés par balle, la plupart au niveau des jambes. Jusqu’alors, on tirait pour intimider – et mutiler – plutôt que pour tuer.

L’accusation dispose d’un luxe de détails accablants, qui permettent de faire revivre de l’intérieur la violence croissante de ces règlements de comptes, tout en révélant l’impunité totale qui anime les trafiquants. Les discussions exhumées sur Sky ECC donnent le ton. 14 janvier 2020 : [Besançon] 30 janvier : [arme de guerre automatique] 6 mars, deux jours avant l’homicide :

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