Lorsque les meilleurs cyclistes du monde se rendront à Kigali pour les championnats du monde de cyclisme sur route qui se tiennent du 21 au 28 septembre, ils vivront le frisson de la compétition, la beauté de nos paysages et la chaleur de notre peuple. Mais ils participeront aussi, qu’ils en soient conscients ou non, à une opération de blanchiment d’image soigneusement chorégraphiée.
Car l’autre réalité du Rwanda, que le président Paul Kagame souhaite désespérément cacher, ce sont les journalistes réduits au silence, les figures de l’opposition disparues et les millions de Congolais victimes d’un conflit dans lequel le Rwanda est un acteur majeur, même s’il refuse de le reconnaître. En tant que journaliste rwandais ayant été témoin direct de la répression, je ne peux rester silencieux.
Les fans de vélos ne vont pas voir le côté sombre de ce pays que l’ONG américaine Freedom House qualifie de « non libre », avec une note de 21 sur 100 dans son évaluation de 2025. Ils ne vont pas raconter que le paysage médiatique est si restrictif que Reporters sans frontières classe le Rwanda 146e sur 180 pays en matière de liberté de la presse. Ils ne vont pas entendre parler des dix-sept journalistes qui ont été emprisonnés, ont disparu ou ont été tués depuis l’arrivée au pouvoir du régime de Paul Kagame après le génocide de 1994, ni des nombreux autres qui vivent en exil, comme moi.
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