Rarement détournement vestimentaire aura été aussi percutant. A l’automne 2018, le « gilet haute visibilité », destiné à être revêtu en cas d’immobilisation de sa voiture, se trouve investi d’une nouvelle mission : porter les couleurs d’un mouvement social aux contours inédits. A la mobilisation qui monte en pression, cet équipement offre une vitrine d’une redoutable efficacité.
Le gilet de sécurité jaune se voit de loin et diffuse plusieurs messages. Parce qu’il appartient à l’univers automobile, il renvoie à l’origine de la protestation, déclenchée à la suite de la décision d’augmenter la taxe carbone et donc le prix du carburant, frappant de plein fouet une population contrainte de se déplacer quotidiennement en voiture.
Cet équipement de sécurité, devenu obligatoire en octobre 2008, suggère aussi le sentiment d’abandon qu’éprouvent ceux qui s’estiment relégués sur la bande d’arrêt d’urgence de la société française. Le gilet jaune fluo rend visibles les invisibles. Au point que l’on ne voit qu’eux.
Le 24 octobre 2018, dans un message vidéo posté sur Facebook, Ghislain Coutard, mécanicien, bat le rappel des troupes. lance ce Narbonnais âgé de 36 ans. Le dress codede la contestation est né.
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