Plus de deux ans après la promulgation de la réforme des retraites, et à quelques jours de la fin du « conclave » de partenaires sociaux censés y réfléchir à nouveau, les députés ont adopté, jeudi 5 juin, une résolution demandant l’abrogation du passage de l’âge de la retraite à 64 ans, sur un texte qui n’a pas valeur de loi. La résolution, déposée par le groupe GDR (communistes et ultra-marins), a été voté par 198 voix pour et 35 contre, avec le soutien de l’ensemble de la gauche et du Rassemblement national.
Si le texte n’a qu’une portée symbolique, la gauche espère qu’il alimentera la contestation dans la rue, pour pousser l’exécutif à l’abrogation, voire au référendum. Une journée de manifestations et de grèves est justement organisée jeudi, à l’appel de la CGT.
Quelque 165 points de rassemblement sont prévus dans toute la France. A Paris, le cortège s’élancera à 14 heures depuis l’Ecole militaire et doit passer à proximité du lieu où la concertation sur les retraites se poursuit.
Aucun vote n’avait jusqu’à présent pu avoir lieu
La résolution de la loi du 14 avril 2023, à savoir .
, a critiqué Théo Bernhardt (RN), reprochant à la gauche de ne pas avoir soutenu les initiatives de son groupe pour une abrogation. Mais le vote pour abroger la réforme ou remettre la mesure d’âge en jeu au Parlement, a estimé après le vote la cheffe des députés écologistes, Cyrielle Chatelain. (…) , a abondé François Ruffin, député de son groupe.
Aucun vote n’avait jusqu’à présent pu avoir lieu au Palais Bourbon sur la réforme, adoptée via l’article 49 alinéa 3 de la Constitution. La première ministre d’alors, Elisabeth Borne, avait engagé sa responsabilité sur le texte sans être renversée.
Par la suite, plusieurs tentatives menées par différents groupes ont échoué, la dernière en date étant celle de La France insoumise, dans sa niche parlementaire fin novembre. La proposition de loi des « insoumis » n’avait pu aboutir, victime de l’obstruction du camp gouvernemental. Une tactique que les communistes entendent déjouer avec sa proposition de résolution, qui ne donne pas lieu à l’examen d’amendements.
« Un peu de carburant pour une remobilisation sociale »
Si le texte n’a pas force de loi, Stéphane Peu en attend des (…) . , espérait-il devant l’Association des journalistes parlementaires mercredi.
Le sujet a retrouvé une actualité en janvier, à la faveur du compromis noué entre le premier ministre, François Bayrou, et le groupe socialiste à l’Assemblée nationale. Ces derniers ont accepté de ne pas censurer son gouvernement, contre un ensemble de promesses, dont la remise en chantier de la réforme des retraites.
Mais après l’enthousiasme a rapidement point la déception. Après avoir appelé à des discussions , le premier ministre a successivement imposé l’objectif d’un équilibre financier en 2030, puis fermé la porte à un retour aux 62 ans. Les syndicats FO et CGT ont claqué la porte dès le début des discussions.
Les organisations restant autour de la table prévoient de clore leurs travaux le 17 juin. Le Medef n’a exprimé aucune ouverture quant aux demandes des syndicats de salariés, qui veulent notamment obtenir des possibilités de partir plus tôt pour les femmes qui ont eu des enfants, ou pour les personnes ayant travaillé dans des conditions pénibles ou usantes. Quant aux députés socialistes, ils agitent de nouveau la menace d’une censure du gouvernement Bayrou, si ce dernier ne soumet pas au Parlement un éventuel accord entre les partenaires sociaux.
Du côté de la coalition gouvernementale, la proposition de résolution GDR était accueillie avec une certaine indifférence. , ironisait mardi le porte-parole du groupe MoDem, Erwan Balanant.
Le Monde avec AFP
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