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Sur l’Ukraine, le lent alignement du RN, écartelé entre son discours et ses votes

Les russophiles du Rassemblement national (RN) l’appellent l’« atlantiste », ce qui n’est pas un mot tendre. Barbichette bien taillée, sourcils charbonneux et raideur de sergent-chef, Pierre-Romain Thionnet est l’homme par qui le soutien sincère à l’Ukraine se fraye un chemin au sein du parti d’extrême droite. Depuis le mois de juillet 2024, ce néodéputé européen de 30 ans, président du mouvement de jeunesse du RN, est missionné par Jordan Bardella pour réorienter la ligne du parti sur le conflit russo-ukrainien. Le président du RN lui-même, dans son livre paru en novembre (, Fayard, 324 pages, 22,90 euros), rompt avec la lecture moscovite de l’histoire de la région, longtemps portée par Marine Le Pen et ses proches.

Pierre-Romain Thionnet incarne cette jeune génération de l’extrême droite identitaire, davantage séduite par la résistance ukrainienne que par l’impérialisme poutinien. Le conflit russo-ukrainien a fracturé l’extrême droite française, qui prône de longue date un rapprochement avec la Russie par antiaméricanisme et par fascination pour un pouvoir viriliste, homophobe et défenseur. Dès l’invasion de l’Ukraine, en février 2022, plusieurs groupes de militants radicaux – auxquels M. Thionnet n’est pas affilié – se sont rendus auprès des populations ou des combattants ukrainiens, embrassant leur lutte avec ce sous-texte : l’Ukraine serait l’avant-garde de la civilisation européenne – « blanche », en d’autres termes –, face à la Russie multiethnique et multiconfessionnelle.

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