Quand on drague un aspirant terroriste sur Internet en discutant djihad, où s’arrête la drague et où commence l’« association de malfaiteurs terroriste » ? Dans le cas de Serge D., 68 ans, châtelain, homosexuel et catholique, la 16e chambre correctionnelle du tribunal judiciaire de Paris a jugé que la « ligne rouge » avait été largement franchie. Il avait été condamné en 2023 à trois ans de prison, dont deux avec sursis et un an sous bracelet électronique, et 40 000 euros d’amende.
Ce dossier atypique est revenu, lundi 9 septembre, devant la cour d’appel de Paris pour être jugé en deuxième instance, Serge D. ayant fait appel de sa condamnation : , explique-t-il dès l’ouverture du procès.
Au début de son interrogatoire par une des trois juges, il concède :
Dans la vie, Serge D. a une bonne tête avec ses lunettes rectangulaires, une barbe blanche de trois jours, un polo vert à manches courtes et une bedaine qui dépasse de son jean. Sur les réseaux sociaux, Serge D. s’appelait et affichait une image de lion. , interroge la juge.
[acronyme arabe de l’organisation Etat islamique, EI],
Pourtant, dans ses échanges en ligne, il loue l’auteur d’un attentat, le 2 février 2020 à Londres, auprès d’un interlocuteur :
Dialogue de sourds
Au fil de l’interrogatoire, Serge D. perd de son assurance : Au départ, il avait un [l]. Il évoque , sans jamais appeler les djihadistes par leur nom. Pour lui, il draguait des musulmans, pas des terroristes en puissance. Il semble croire que le et la , l’émigration vers une terre d’islam, préalable indispensable à la guerre sainte, font partie du vocabulaire de tous les musulmans. La juge qui l’interroge a du mal à le croire :
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