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Vendée Globe 2024 : pas un sou en poche mais jamais à court d’idées, Violette Dorange, la « Petite Poucette » de la 10e édition

Au bout du chenal des Sables-d’Olonne (Vendée) aux quais noirs de monde, au matin du dimanche 10 novembre, l’émotion a fini par submerger Violette Dorange. Trois cent cinquante mille fans brandissant banderoles et drapeaux qui scandent votre nom, ça remue. Surtout quand, à 23 ans, on embarque pour sa première course autour du monde en solitaire, sans escale et sans assistance à la barre d’un monocoque de 18 mètres (Imoca).

Le tirage au sort qui l’avait désignée dernière des 40 engagés – dont six femmes – de la 10e édition du Vendée Globe à quitter le ponton, a permis à la benjamine de l’épreuve de partir vérifier que la terre est ronde, emplie d’une énergie décuplée.

A l’heure des regards embués et des silences éloquents sous un ciel gris et brumeux, Violette, en bottes et salopette de quart rouge, sa longue queue-de-cheval au vent, a savouré la déambulation protocolaire telle une astronaute prête à embarquer dans sa capsule. Non sans jeter une œillade au trophée de la course qu’elle rêve de gagner un jour.

«  », a-t-elle lancé, mutine, à ses proches et supporteurs qu’elle compte bien ne pas revoir avant d’avoir bouclé sa course d’ici trois mois voire un peu moins. «  », s’étranglait Carole, sa maman qui jure pourtant s’être «  », tout en étreignant Rose et Charles, ses deux aînés.

« On n’a pas d’autre choix que de la suivre »

«  », rayonnait Violette, la veille, mains sur les hanches, comme on mesure le chemin parcouru sans être dupe de ce que réservent 45 000 km d’océans à venir. Si le Vendée Globe était un conte de fées, la navigatrice au format de poche (1,60 m) y tiendrait à coup sûr le rôle de la « Petite Poucette ». Pas un sou mais jamais à court de projets ni d’idées ingénieuses pour décrocher les moyens de les réaliser.

Depuis ses débuts en voile légère de compétition à La Rochelle (Charente-Maritime), à l’âge de 7 ans, elle a semé un à un les petits cailloux qui l’ont mené jusque-là. Etre la plus jeune concurrente des 35 ans d’histoire du Vendée Globe ? Même pas peur. Elle avait 15 ans, en mai 2016, lorsqu’elle a traversé la Manche de l’île de Wight (Royaume-Uni) à Cherbourg (Manche), en Optimist, une « caisse à a savon » de 2,33 m. Elle a aussi décroché trois podiums aux championnats du monde jeunes sur 420. Avant d’enchaîner, à partir de l’âge de 18 ans, une mini-transat (course en solitaire sur un monocoque de 6,60 m) et trois saisons sur Figaro (monocoque monotype de 10 m).

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