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Violences sexuelles dans l’Eglise : les défis de la justice restaurative

A l’âge de 2 ans, Jean-François a été placé pendant une dizaine d’années dans un orphelinat géré par des bonnes sœurs franciscaines. Il se souvient des nuits où quelqu’un le sort du lit et l’amène dans une guérite. Ce Normand de 76 ans a mis des années à comprendre qu’il avait été victime de violences sexuelles de la part d’une religieuse, fait rarissime dans l’Eglise. Jean-François (les personnes citées par leur prénom ont requis l’anonymat) a suivi des démarches pendant un an et demi auprès de la Commission Reconnaissance et réparation (CRR), en 2021, pour obtenir une réparation financière. Mais le plus important n’était pas là pour le retraité. , retient-il.

Pour montrer leur bonne volonté, les religieuses lui ont proposé d’exposer sa collection de jouets en tôle. L’homme compte 3 000 pièces chez lui. , analyse le retraité, la gorge nouée. , ajoute la supérieure générale de la congrégation.

Comment réparer le passé de ces milliers de victimes de violences sexuelles ? Trois ans après le rapport de la Commission indépendante sur les abus sexuels dans l’Eglise (Ciase), le défi de la justice restaurative est toujours majeur pour l’Eglise catholique française. Avec des démarches qui connaissent leurs réussites, mais aussi leurs échecs.

L’écoute comme première étape

Depuis 2021, deux instances de réparation ont déjà vu le jour : la CRR, pour les victimes de tous âges de membres de congrégations religieuses, et l’Instance nationale indépendante de reconnaissance et de réparation (Inirr), pour les victimes mineures de membres d’un diocèse. L’objectif affiché de ces deux structures est de s’intéresser avant tout à la victime, contrairement à une justice pénale qui se focaliserait sur le coupable. , explique Lorraine Angeneau, psychologue clinicienne spécialisée en psychotrauma, ancienne membre de l’Inirr.

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